Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/381

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Puis vivement, elle rompit le cachet, parcourut la lettre moitié imprimée, moitié écrite, datée de cet auguste lieu d’envoi : Vaticano, et la formule qui la prévenait que Sa Sainteté daignerait l’admettre à une audience, le samedi 30 avril, à cinq heures après-midi.

Elle relut la lettre, épela jusqu’à l’illisible signature du Maître de la Chambre, l’avvertenza en marge pour la tenue des dames et des messieurs : on aurait dit qu’elle voulait se convaincre de la réalité d’un rêve.

Elle abaissa la lettre sur ses genoux, la tenant toujours, regarda sur le canapé sa robe noire et son voile noir tout préparés. C’était pour le lendemain ! Elle allait être reçue par le successeur de Saint-Pierre, le vicaire de Jésus-Christ, le Pape, ― le Pape ! ― un mot qui faisait un long écho jusqu’au fond de ses respects. Elle ne se souvenait plus de l’humanité qu’il avait paru avoir dans cette rencontre sur le chemin des Vignes. D’avance, elle l’apercevait transfiguré : elle s’en approcherait comme d’une