Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/39

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miettes d’édifices, d’énormes voûtes de Basiliques, aux caissons effondrés, repercées par le bleu du jour ; ― au bout de la Voie sacrée, de grandes dalles gisantes, des quartiers de lave, pavés de feu refroidi, usés par le pas enchaîné des Nations, creusés par les ornières de la Victoire : ― ici, la vieillesse d’or des pierres ; là, au devant d’églises, le marbre païen pourri, les troncs de cipolin dépolis, exfoliés, usés du temps, blessés de coups, ayant des entailles comme des armures et de grands trous comme de vieux arbres ; ― partout des débris formidables, religieux et superbes, sur lesquels semblait avoir passé la rouille de l’eau et le noir de la flamme, un incendie et un déluge, toutes les colères de l’homme et du ciel, ― telle fut, dans sa grandeur invaincue, la première apparition de Rome antique à madame Gervaisais.

Elle se promena longtemps sans fatigue, tirant par la main l’ennui traînard de son enfant.

Puis passant l’Arc de triomphe au bout du Forum, elle alla au Colysée. Elle marcha