Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/49

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pays ; à côté de ces bouquets, ces bouquets aux teintes mariées, harmonisées dans le tendre et le doux des nuances, vrais chefs-d’œuvre de la floraia romaine ; et ces bouquets encore qui ne sont plus des bouquets, mais des paniers fleuris, de petits guéridons de roses sur un lit de fougère, avec des anses de roses, des corbeilles de camélias blancs sur lesquels rondit une branche de lilas blanc, ou d’azalées légères comme des gazes, des paniers de cette petite fleur qu’on nomme ida, un souffle, une poussière de fleur.

Tous les jours, madame Gervaisais revenait de sa promenade du matin avec un de ces paniers. Les fleurs, pendant la journée s’épanouissaient dans la pièce où elle se tenait ; et avec la fin du jour, elles commençaient à mourir en suavités exquises, en parfums expirants, comme si, de leurs couleurs fanées, s’exhalaient leurs adieux odorants. Bientôt, ce fut un besoin dans la vie de madame Gervaisais que ce bouquet, mettant une respiration auprès d’elle, un rayon dans sa chambre, presqu’une com-