Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/55

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verselle sérénité, amenèrent chez elle une absorption contemplative , se dégageant d’elle-même et se laissant glisser à la douceur environnante, elle demeura quelque temps amollie, détendue, dans une délivrance de ses idées, un paresseux lazzaronisme d’âme.

Puis elle descendit dans le parc et y trouva de belles surprises : ici, un chêne vert, solennel, ayant sur son écorce une patine de métal et la rugosité d’une peau de bête centenaire, barrant la route d’un rejeton de branche qui était lui-même un autre arbre d’un verdoiement sourd, éclairé du reflet toujours remuant d’une eau jaillissante au-dessous de lui ; là, une haie de camélias plaquant ses feuilles et ses fleurs de cire contre le rocailleux d’une galerie de rochers. Au milieu d’un tapis vert, en plein soleil, le marbre d’une colonne brûlait de blanc devant un dattier, faisant songer à la borne d’un dernier pas d’une armée de Rome dans une oasis de Libye. Plus loin, des hémicycles de pierres à pilastres, à balustres,