Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/79

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elle toute la plaine bâtie, l’infinie étendue de Rome, un chaos et un univers de pierre, un entassement, une mêlée, une confusion, une superposition de maisons, de palais, d’églises, une forêt d’architectures d’où se levaient des cimes, des campaniles, des coupoles, des colonnes, des statues, des bras de ruines désespérés dans l’air, des aiguilles d’obélisques, des Césars de bronze, des pointes d’épées d’anges, noires sur le ciel.

Vaste panorama en amphithéâtre que cette capitale de Dieu, portée et étagée sur ses sept collines, et montant, par des escaliers de monuments et des assises de temples, à ces belles lignes acropoliennes qui l’arrêtent, la profilent et la font trôner sur l’horizon !

Une solennité immobile et muette, une grandeur de mort, un repos pétrifié, le sommeil d’une ville endormie par une puissance magique ou vidée par une peste, pesait sur la cité sans vie, aux fenêtres vides, aux cheminées sans fumée, au silence sans bruit d’activité ni d’industrie, où rien