Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/98

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à celle-là, les visitant, prolongeant ses stations, elle se laissait aller à ce goût qui vient à l’étranger, à cette passion qui lui fait perdre les préjugés, les répugnances du catholique des églises gothiques et l’amène à prendre presque en pitié la pauvreté de pierre de ses cathédrales ; elle se laissait aller à l’amour du marbre, du marbre qui met là partout aux murs son éclat glacé, ses lumières glissantes, ses lisses surfaces caressées par le jour jouant sur leur dureté précieuse, filant le long des colonnes, des pilastres, se perdant aux voûtes en éclairs brisés. À mesure qu’elle y vivait, elle prenait une habitude d’être, pendant le chaud du jour, au milieu de cette pierre veinée, brillante et à moitié bijou, de ce froid luisant des couleurs doucement roses, doucement jaunes, doucement vertes, fondues en une espèce de nacre irisant de ses teintes changeantes le prisme de toute une nef. Immobile, contemplative, elle avait un plaisir à se voir enveloppée de cette clarté miroitante où la chaude magnificence des dorures, l’opulence des parois