Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/125

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nous étions décidés à attendre qu’elle fût arrêtée par l’administration, interdite par l’autorité. Seulement, nous demandions encore deux épreuves, celle de ce soir-là, et celle du lundi suivant : nous espérions, pour cette représentation du lundi, l’effet de notre brochure qu’on allait mettre en vente à quatre heures et qui nous semblait destinée à faire revenir les gens de cœur sur le compte de notre dignité et de notre indépendance. « Lundi, c’est impossible !  » nous dit M. Thierry. Ici, qu’on le comprenne bien, nous n’accusons pas M. Thierry. Nous lui restons, et nous lui resterons toujours profondément reconnaissants pour le brave accueil qu’il a fait à notre pièce. Aussi le plaignons-nous seulement pour s’être trouvé dans une situation où il ne pouvait nous accorder cette dernière demande.

La sixième représentation avait lieu le soir de cette entrevue. Tous ceux qui y ont assisté, peuvent dire le succès de la pièce dans cette soirée, la salle tout entière applaudissant, écrasant de ses bravos les quelques sifflets arriérés qui s’essayaient. Et c’était une salle de bonne foi, une salle payante : un vrai public de quatre mille francs de recette, — de trois mille neuf cent un, pour être exact. Nous allions