Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/180

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plus. J’ai donc lieu de me considérer comme un impartial et désintéressé spectateur qui regarde et juge de la galerie. Eh bien ! regardant et jugeant ce qui se passe, le théâtre m’apparaît comme bien malade, comme moribond presque. Oh ! je sais d’avance les ironies et les mépris qui vont accueillir cette proposition, mais les ironies et les mépris de mes contemporains, après m’avoir un peu troublé au commencement de ma carrière, me laissent bien tranquille à l’heure qu’il est, et je vais dire pourquoi. Quand en 1851, dans mon premier livre, je témoignais mon admiration pour l’art japonais et que je me permettais de dire que l’art industriel de ce pays était supérieur à l’article Paris, un journaliste a demandé que je fusse enfermé à Charenton comme coupable de mauvais goût ; aujourd’hui je crois que ledit journaliste a plus de chance d’y être mené que moi par le goût public. Quand j’entreprenais la réhabilitation