Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cice de sa force ; elle le représente en ses dehors.

Cependant il arrive que le monde s’apaise. Autour de l’homme, les choses ont perdu leur violence. L’idée désarme le fait. L’âme de l’humanité se recueille, Le gnothi séauton des âges modernes renouvelle l’esprit mûr des peuples. Hamlet est venu. La psychologie naît. L’analyse entre dans la « caverne » de Bacon. Rousseau, Benjamin Constant, Chateaubriand, Byron, récitant leur cœur, récitent le cœur humain. L’homme écoute en lui.

Par une évolution pareille et simultanée, l’histoire va du héros à l’homme, de l’action au mobile, du corps à l’âme ; et elle se tourne vers cette biographie que Montaigne appelle « l’anatomie de la philosophie, par laquelle les plus abstruses parties de notre nature se pénètrent ».

Les siècles qui ont précédé notre siècle ne demandaient à l’historien que le per-