Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la lettre autographe sera le confessionnal où vous entendrez le rêve de l’imagination de la créature, ses tristesses et ses gaietés, ses fatigues et ses retours, ses défaillances et ses orgueils, sa lamentation et son inguérissable espoir.

Miroir magique où se passe l’intention visible, et la pensée nue ! Ce papier taché d’encre, c’est le greffe où est déposée l’âme humaine. Quelle lumière dans la nuit du temps ! Quelle survie de l’homme ! Quelle immortalité des grandeurs et des misères de notre nature ! Quelle résurrection, — la lettre autographe, — ce silence qui dit tout !

Nous tentons de reconstruire avec la lettre autographe, figure à figure, un siècle que nous aimons. Nous essayons de ranimer ces hommes et ces femmes, quelquefois avec une correspondance, trop souvent avec une lettre. Hélas ! le feu, la