Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/25

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Quelques mois après, l’éditeur Dumineray, le seul éditeur parisien qui avait consenti à mettre son nom sur la couverture de notre bouquin, nous priait de le débarrasser du millier d’exemplaires restant, dont l’emmagasinement le gênait. Et l’édition rapportée chez nous, et jetée sur le carreau d’une mansarde, deux ou trois années après, comme nous étions montés dans cette mansarde, je ne sais plus pourquoi, nous nous mettions, chacun dans un coin, assis par terre, à relire un exemplaire ramassé dans le tas — et nous trouvions, ce jour-là, notre premier roman, si faible, si incomplet, si enfantin, que nous nous décidions à brûler le tas.

Aujourd’hui que plus de trente ans se sont passés depuis l’autodafé d’EN 18.., je n’estime pas beaucoup meilleur le volume, mais je le regarde, ainsi que Mme Sand m’a appris à le considérer,