Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/87

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’honneur de la discuter. Joubert, l’auteur des PENSÉES, n’avait pas cette servile préoccupation du suffrage universel en matière de style, quand il adjurait Mme de Beaumont de recommander à Chateaubriand « de garder avec soin les singularités qui lui étaient propres » et « de se montrer constamment ce que Dieu l’avait fait », corroborant ce brave conseil par cette curieuse phrase : « Les étrangers… ne trouveront que frappant, ce que les habitudes de notre langue nous portent machinalement à croire bizarre dans le premier moment. » Et parmi le déchaînement de la critique, c’est encore Joubert, qui engage l’écrivain, attaqué dans les modernités de sa prose nouvelle, à persister à chanter son propre ramage[1].

  1. CHATEAUBRIAND ET SON GROUPE LITTÉRAIRE, par Sainte-Beuve, qui jette en note, au bas de mes citations : « La nouveauté, une nouveauté originale, c’est là, le point important et le secret des grands succès. »