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ÉDOUARD OURLIAC


En ce temps-là, c’était le beau temps, le beau temps et l’âge d’or du roman. Par ces années de grâce littéraire, il y avait beaucoup de gens qui faisaient des livres, et il y avait, de gens qui en lisaient, plus encore que de gens qui en faisaient. Le lecteur de 1830 était un lecteur dévoué, incomparable, héroïque, inassouvi : il lisait tout. Que le livre eût un titre un peu affriandeur, le livre était enlevé. En ce temps, les maîtresses de cabinet de lecture, à ficeler les paquets de leurs abonnés, avaient les doigts comme des maîtresses de maison qui couvrent leurs confitures.