Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/109

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un critique de livres ou un habitué de théâtres.

Quand, rompant sa chaîne de famille, et parti tout un jour de la maison paternelle, Ourliac courait les cabarets autour de Paris avec une bande d’amis, des artistes et des écrivains de son âge, — qui maintenant, sont d’aucuns des gens décorés et d’autres des maris, — Ourliac lâchait toute bride à sa verve. Il improvisait des chansons burlesques que les joyeux faisaient redire à tous les échos de la route du retour :

Le père de la demoiselle,
Un monsieur fort bien,
En culotte de peau,
Qui voulait tout savoir !

Sa licence, en ces parties de campagne, passait celle de tous autres ; elle s’égayait jusqu’aux extrêmes crudités du cynisme ; puis, quand sa farce de l’après-dîner avait tout à fait sombré dans l’ivresse, et qu’on le jetait dans une voiture, Ourliac, à qui le vin « reprochait », comme lui disait son ami Henri Monnier, était pris de terreurs et de remords. Des réminiscences religieuses l’assaillaient. Les souvenirs de son