Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nciennes comédies qu'on répétait sur l'herbe. Souvent une actrice du Vaudeville, morte depuis, madame B..., qui connaissait Jenny, venait voir le jeune couple, traversant comme une fée leurs ennuis journaliers, les égayant à ses grâces d'oiseau, à ses chants de fauvette; et sachant que leur tirelire fuyait, hélas! elle les emmenait dîner avec elle, ne voulant pas de leur écot, et leur disant qu'ils payeraient la prochaine fois.

«Bénédict,--dit un jour Jenny, nous avons assez mangé de misère comme ça. Il serait temps de nous retourner. On m'offre 1800 fr. pour aller à Limoges.

--Qui ça?

--Le directeur donc, M. Carrier de Richaux. Tu peux encore t'arranger avec ton père. C'est un service que je te rends en m'en allant là-bas. Je t'écrirai, d'ailleurs.»

A vingt-quatre heures de là, Bénédict frappait à la porte de la maison de santé du docteur Hoffmann, avenue Fortuné. C'était là qu'était venu habiter son père. La maladie l'avait gagné, et il sentait qu'elle ne devait plus s'en aller qu'avec lui.