Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/130

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avait faite à Bénédict de retourner avec lui à Paris. Jenny ne voulut plus partir. Bénédict la menaça de se tuer. Jenny promit encore pour retirer sa promesse peu après. Quatre ou cinq jours durant ce furent des reproches et des apaisements, des génuflexions et des révoltes, des jalousies et des miséricordes, des larmes et des trêves qui ne valent pas un récit, parce que cette déchirante bataille d'un amour vivant avec un amour mort est toujours la même. Enfin, lassée de ses obsessions, et pour avoir la paix, Jenny jura d'aller le retrouver dans huit jours.

Bénédict partit, le remords au cœur. Pour cette femme, il n'avait pas fermé les yeux de son père.

De retour à Paris, il reçut deux lettres de Jenny, à huit jours de distance. Dans la première elle lui demandait 200 francs pour faire le voyage. La seconde était ainsi conçue: «Cher enfant, je suis indigne de vous. Que diriez-vous de moi si je retournais avec vous maintenant que je suis déshonorée? Ah! vous penseriez peut-être que je veux profiter de la fortune qui vous est tombée. Adieu! Je vous renvoie les 200 francs