Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

reaucrate.

Dans une de ces grandes casernes civiles où d'avoir été vingt ans assis, cela donne des droits, et, trente ans, la croix,--au ministère de l'agriculture, si je ne me trompe, Hippolyte fut parqué avec un vieillard appelé chef de bureau, homme sans préjugés, qui tout au milieu de ses verts cartons faisait et refaisait sa cuisine, faisait et refaisait sa barbe. Le poêle où mijotait la cuisine du chef recuisait le vieil air du vieux bureau, et des senteurs rances, des empuantissements de brûlé ou de sauce épandue sur un fumeron, montèrent tous les jours au nez d'Hippolyte, qui ne put jamais, de ces odeurs, se faire une habitude. Puis c'était la barbe; et dans quelque verre, le sien ou bien l'autre, le vieillard mettait un morceau de savon et sur un vieux papier, tout près d'Hippolyte, déposait les poils grisâtres et blanchâtres, tout hachés menus dans la mousse blanche. Ce qu'Hippolyte, crispé et nerveux, souffrit, pour deux pauvres mille francs, de cette vie en famille, nul ne pourrait le dire; ce qui n'empêcha pas beaucoup de gazettes du temps de le traiter, lui et trois cent mille autres, de _budgétivore_.