Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/153

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à les décrasser, éponger, gratter, rempâter. Aux feuilles jaunies, un bain de chlore; une tache de rousseur qui commence à moucheter: vite l'acide oxalique. Si une vilaine larme de graisse en un beau feuillet: la poudre minérale infaillible. Il les pare, il les lave, il les fait beaux, le cœur souriant aux grandes marges, aux pages immaculées, oubliant l'heure, le monde, et son ministère,--et parfois aussi son pantalon.

Pour l'Amour,--Hippolyte l'aima presque autant que ses pipes et que ses livres. Ce qu'il dépensa pour les femmes, de vers, est considérable. Mais de toutes ses Laures, la plus célébrée, celle envers laquelle Hippolyte se montra le plus généreux de rimes, ce fut la première par ordre de date: Émilie V..., une actrice, sœur de cette autre actrice qui a épousé un préfet. Émilie V... était alors la Contat de l'Odéon. Hippolyte la vit dans _la Famille Cauchois_ de M. Alexis de Longpré, «désespérante de beauté et de talent». Et tout aussitôt portier de la ville et portier du théâtre de n'être occupés qu'à monter chez «l'adorable actrice» petits papiers, petits rondeaux: «C'est un rondeau