Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/28

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bibliothèque pour les faire sécher sur des claies. Il pleut. Je me tiens en bas, regardant par les carreaux la pluie, et forcé de recevoir qui vient.

A soi la publicité! Chaque matin éveiller Paris avec son idée! Avoir le journal qui fait la parole ailée! Tous les jours battre la charge, renvoyer le sarcasme comme un volant, attaquer, riposter et tenir la France suspendue à sa plume! Donner sa fièvre à ce grand public, l'agiter de sa passion, le pousser à la brèche, à l'ennemi! Se réjouir l'oreille au bruit des flèches barbelées qu'on lance et qui sifflent! Être quelque chose à l'intelligence de tous! La lutte, la lutte quotidienne! Vaincre tout un jour! Se coucher, ses adversaires sabrés! Se montrer brutal comme la logique! Reposer, ne jamais dormir! Répondre aux ennemis qui se démasquent, aux hostilités qui surgissent, aux arguments qui se relayent! Être prêt le jour, être prêt le lendemain, être prêt à toutes les heures de cette vie militante! La guerre de la tête enfin! Oh! les belles fatigues!--Le journal de Blangin est fondé. Le premier numéro, à