Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/92

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C'est une parade, si bien une parade, que, lorsque Camille, le metteur en scène, le souffleur de toutes ces naïvetés, n'est plus là pour lui donner la réplique, l'histoire et la légende prêtent toujours à Calinot pour partners de ses janotades deux autres drolatiques. Vous savez ce seigneur de la légende allemande entre deux chevaliers qui chevauchent à côté de lui, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche? Eh bien! comme le seigneur allemand Calinot chevauchait entre deux chevaliers: V... et L...--V..., c'était la phrase française en habit de marquis;--L..., c'était une mémoire qui toujours restait court, qui sans cesse buttait contre le mot propre, qui jamais ne le trouvait. C'est V... qui disait: «Il me semble que le crépuscule s'annonce, je vais mettre mon _peplum_; et encore, après avoir chaviré: «Je jure Dieu de ne plus mettre le pied dans cette caravelle!» C'est L... qui annonçait au piquet: «J'ai une tierce... en ce que tu sais bien, une quinte en ce que tu m'as dit, et un quatorze... en ce que tu viens de me dire.» Et ainsi il croissait, le bon Calinot, en grâces et en joyeux devis, entre ce lexique des _Précieuses ridicules_