Page:Gondal - Mahomet et son oeuvre.djvu/57

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circoncision, l’aumône, les jeûnes, les ablutions, les pèlerinages, étaient en usage de temps immémorial chez les Arabes païens comme chez la plupart des autres peuples sémites.

Mahomet fut donc en définitive, moins une voix qu’un écho. Religieusement il vécut d’emprunts et de souvenirs. Les emprunts, pour n’être pas avoués, n’en sont pas moins certains. Nous l’avons vu, dans sa jeunesse, curieux des choses de la religion, consulter les représentants de tous les cultes, et, au cours de sa vie publique, s’entourer d’hanyfes, s’occuper des juifs, fréquenter les chrétiens. Waraca le neveu de Khadidja, qu’il a canonisé, était chrétien ; Zaid-ibn-amr, l’implacable ennemi des idoles, dont il fut le contemporain et l’ami, était hanyfe. Avant de devenir ses ennemis implacables, les juifs furent ses premiers et ses plus chauds partisans, surtout à Médine. Si les souvenirs de Mahomet sont fidèles, les maîtres chrétiens et juifs du Prophète furent bien peu éclairés et bien peu orthodoxes, puisqu’ils auraient amené leur disciple à prendre au sérieux, les premiers, les rêveries gnostiques, les seconds, les fables talmudiques qui remplissent de si nombreuses pages du Coran.

Et cependant, malgré cette absence de toute idée nouvelle, l’Islamisme n’en est pas moins une religion profondément originale. Mahomet a si bien réussi à combiner entre eux et à adapter aux aspirations de l’humanité, aux bonnes comme aux mauvaises, les divers éléments religieux qu’il a empruntés aux arabes, aux juifs, et aux chrétiens, que sa religion ne ressemble à aucune autre. Si elle est arabique par ses institutions, elle est humaine, par son dogme et par sa morale. Le christianisme et le judaïsme, le premier surtout, sont surhumains, et par les véri-