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OBLOMOFF.

— Qu’est-ce que tout cela me fait ? dit Oblomoff avec impatience. Je ne veux pas y aller.

— Ah bien ! nous verrons si tu ne déménages point. Non, mon cher ; du moment que tu demandes un conseil, tu dois le suivre quand on te le donne.

— Je ne déménagerai pas, dit Oblomoff d’un air décidé.

— Eh bien ! va-t-en au diable ! répondit Taranntieff, en enfonçant son chapeau et en se dirigeant vers la porte.

— Original que tu es ! reprit-il en se retournant. Qu’est-ce qui te paraît si agréable ici ?

— Comment ? Mais on est près de tout, dit Oblomoff : j’ai les magasins, le théâtre, les connaissances… le centre de la ville…

— Ah ! oui ! interrompit Taranntieff, depuis quand es-tu sorti, dis donc ? Depuis quand es-tu allé au théâtre ? Chez quelles connaissances vas-tu ? Pourquoi diable as-tu besoin de ce centre, s’il te plaît ?

— Comment ? pourquoi ? Pour bien des choses !

— Lesquelles ? tu ne le sais pas toi-même ! Tandis que là-bas !… songe un peu : tu demeures chez ma commère, une femme qui a droit à la noblesse ; tu auras le calme, le repos : personne ne te dérangera. Il n’y aura ni bruit, ni vacarme ; tout sera propre, tout sera en ordre. Vois donc : on dirait que tu vis à