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OBLOMOFF.

suite écris au gouverneur, prie-le d’ordonner à l’ispravnike de faire un rapport sur la conduite du staroste. « Veuille, diras-tu, Votre Excellence être pour moi comme un père, et jeter un regard de compassion sur le terrible et inévitable malheur qui me menace et qui provient des insolents procédés du staroste, sur la ruine complète à laquelle je serai immanquablement exposé, avec une femme et des enfants en bas âge, qui resteront sans aucune assistance, sans un morceau de pain, douze enfants… »

Oblomoff éclata de rire.

— Où ramasserais-je tant de marmots, si l’on me demandait à voir les enfants ? dit-il.

— Tu radotes ! Écris toujours : avec douze enfants ; cela entrera par une oreille et sortira par l’autre ; on ne fera pas d’enquête, mais en revanche ce sera « naturel… » Le gouverneur remettra la lettre au secrétaire, et tu écriras en même temps à celui-ci ; naturellement la lettre sera chargée, et il s’arrangera. Adresse-toi aux voisins. Qui as-tu là-bas ?

— Dobrinine, tout près, dit Oblomoff ; je l’ai souvent vu ici : il est là maintenant.

— Écris-lui aussi, supplie-le comme il faut : « donnez-moi cette précieuse marque d’obligeance et vous me rendrez service comme chrétien, comme ami et comme voisin… » et joins à la lettre un petit cadeau, quelque chose venant de Pétersbourg… des