Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
OBLOMOFF.

venait d’ouvrir un petit pensionnat pour les enfants des gentilshommes du voisinage.

André, le fils de Stoltz, était presque du même âge qu’Oblomoff, et il y avait de plus un enfant qui n’étudiait presque pas et qui souffrait des scrofules. Ce garçon avait passé toute son enfance avec des bandeaux sur les oreilles et sur les yeux.

Il pleurait en cachette de n’être plus chez la grand’maman, mais dans une maison étrangère, parmi des scélérats, où il n’y avait personne pour lui faire une caresse et personne pour lui cuire le gâteau préféré. C’étaient là en attendant les seuls élèves du pensionnat.

Bien malgré eux le père et la mère mirent l’enfant gâté en pension. Ce fut une occasion de larmes, de cris, de caprices. Enfin on emmena le petit Élie.

L’Allemand était un homme positif et sévère, comme sont presque tous les Allemands. Peut-être que le petit Élie aurait pu apprendre chez lui quelque chose à fond, si Oblomofka avait été à cinq cents verstes de Verkliovo. Mais comment apprendre ? L’influence de l’atmosphère d’Oblomofka, de sa manière de vivre et de ses habitudes s’étendait jusqu’à Verkliovo.

Jadis ce bourg était aussi une Oblomofka. Là, excepté la maison de Stoltz, tout sentait encore la paresse primordiale, la simplicité des mœurs, la quiétude et l’immobilité. L’esprit et le cœur de l’en-