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OBLOMOFF.

porte ; il prend dans ses mains un tas de neige et vole vers la foule des polissons.

Le vent frais lui coupe la figure, la gelée lui pince les oreilles, le froid le saisit à la bouche et à la gorge ; sa poitrine se dilate de joie, il vole : d’où lui viennent les jambes ? il crie et rit aux éclats. Voici les gamins : paf !… une boule de neige ; il a manqué son homme : il n’a pas le coup d’œil juste.

Tandis qu’il se baisse pour ramasser de la neige, une boule vient se coller contre sa figure. Il tombe et se fait mal faute d’habitude et cela est si gai ! il rit et des larmes lui sautent des yeux… Et dans la maison tout est en rumeur : Ilioucha a disparu. On crie, on tempête.

Dans la cour se précipite Zakharka, derrière lui Vasseka, Motteka, Vaneka, tous volent éperdus. Après eux s’élancent, les mordant aux talons, deux chiens qui, comme on le sait, ne peuvent d’un œil indifférent voir courir un homme.

Les gens en criant, en se lamentant, les chiens en aboyant, se ruent à travers le village. Ils s’abattent sur les polissons et commencent à en faire justice. Ils empoignent l’un par les cheveux, l’autre par les oreilles, en giflent un troisième ; ils menacent les pères.

Enfin on s’empare du jeune barine, on l’enveloppe dans une touloupe dont on s’est muni en passant, on