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OBLOMOFF.

de morale, et l’on me gronde pour toi, mauvais petit chien ! Marche !

Et d’un air impérieux il lui montrait l’escalier de la main.

Le garçon resta près d’une minute dans une espèce d’incertitude, cligna des yeux deux fois, jeta un coup d’œil sur le laquais, et, voyant qu’il n’y avait rien de plus à en attendre que la répétition de la même manœuvre, il secoua ses cheveux et monta l’escalier, comme si de rien n’était.

Quel triomphe pour Zakhare !

— Tape donc, tape, monsieur Mathieu ! encore, encore ! répétait-il avec une joie mauvaise. Hé ! ce n’est pas assez ! Ha ! à la bonne heure ! en voilà un, ce monsieur Mathieu ! merci ! Oh ! il est trop malin… voilà pour ton « chauve diable ! » Ça t’apprendra à l’avenir à te moquer des gens !

La valetaille riait aux éclats, sympathisant à la fois avec le laquais qui venait de corriger le petit cosaque, et avec Zakhare qui triomphait méchamment. Personne ne s’intéressait au jeune groom.

— Voilà, c’est cela, ni plus ni moins, c’est tout à fait mon premier maître, dit de nouveau le même laquais qui avait toujours interrompu Zakhare. Tu penses à t’amuser, et lui, tout à coup, comme s’il devinait ce à quoi tu penses, passe à côté et te saisit comme cela, comme M. Mathieu a attrapé Ann-