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OBLOMOFF.

— Qu’est-ce que c’est donc que ces auteurs, mon ami ? demanda le portier, désirant mettre fin à la querelle.

— Ce sont des messieurs qui inventent des idées, expliqua Zakhare.

— Et que font-ils chez vous ? insista le portier.

— Ce qu’ils font ? L’un demande la chibouque, l’autre du xérès… dit Zakhare, et il s’arrêta en voyant que presque toute l’assistance souriait d’un air moqueur.

— Et vous êtes tous des misérables ! dit-il en bredouillant et en les toisant du regard. On t’apprendra à déchirer un habit qui ne t’appartient pas. Je vais le dire au barine ! ajouta-t-il, et il rentra vivement à la maison.

— Finis donc ! attends, attends ! cria le portier. Monsieur Zakhare ! viens à la taverne, je t’en prie, viens…

Zakhare s’arrêta court, se retourna rapidement, et, sans regarder la valetaille, s’élança encore plus rapidement dans la rue. Il arriva, sans tourner la tête, à la porte de la taverne d’en face ; là il fit un demi-tour, jeta un coup d’œil sombre à toute la société, d’un geste encore plus sombre, fit un signe à tous pour qu’on vînt le rejoindre, et disparut derrière la porte.

Tous les autres s’écoulèrent aussi, qui dans la taverne, qui chez soi ; il ne resta qu’un laquais.