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OBLOMOFF.

— J’irais comme cela par cette humidité… et qu’ai-je à y voir de nouveau ? Tenez, il va pleuvoir, le temps est sombre, dit paresseusement Oblomoff.

— Il n’y a pas un nuage au ciel, et vous nous contez qu’il pleut ! Il fait sombre parce que vos croisées n’ont pas été lavées depuis je ne sais combien de temps. Que de crasse sur les vitres ! On n’y voit goutte[1] ; voilà même un store qui tombe presque jusqu’en bas.

— Oui, allez donc en parler à Zakhare, tout de suite il vous proposera des journalières, et vous chassera de la maison jusqu’au soir !

Oblomoff se mit à rêver, et Alexéeff à tambouriner avec les doigts sur la table devant laquelle il était assis, en parcourant d’un œil distrait les murs et le plafond.

— Alors que décidons-nous ? Qu’allons-nous faire ? Vous habillerez-vous ou resterez-vous ainsi ? demanda-t-il après quelques minutes.

— Pour aller où ?

— Mais à Ekaterinnhoff ?

— Vraiment, vous ne rêvez qu’Ekaterinnhoff ! répondit Oblomoff avec impatience. Ne pouvez-vous pas rester ici ? Fait-il froid dans la chambre, ou s’il y sent mauvais, que vous ne cessez de regarder, la porte ?

  1. Mot à mot, « goutte divine. »