— Je ne sais pas, demande à Zakhare, dit Oblomoff presque sans l’écouter ; certainement il y a là du vin.
— C’est toujours le même, qui vient de chez l’Allemand ? Non, s’il vous plaît, achetez-en au magasin anglais.
— Ah bah ! celui-là suffira, dit Oblomoff. Il va falloir encore envoyer.
— Attends, donne-moi de l’argent, je passe à côté : j’en prendrai. Il me reste des courses à faire.
Oblomoff fouilla dans un tiroir et en tira un billet de banque rouge de dix roubles.
— Le madère coûte sept roubles, dit Oblomoff. En voilà dix.
— Hé ! donne tout : on rendra la monnaie, ne crains rien…
Il arracha le billet des mains d’Oblomoff et le cacha lestement dans sa poche.
— Allons, je pars, dit Taranntieff, en mettant son chapeau. Je serai ici vers cinq heures ; j’ai des courses à faire : on m’a promis une place dans les bureaux de la régie des fermes, et on m’a dit de repasser… Mais, dis donc, Élie, si tu louais une voiture pour aller à Ekaterinnhoff ? Tu pourrais me prendre avec toi.
Oblomoff secoua la tête en signe de refus.
— Voyons ! est-ce de la paresse ou de l’avarice ?