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JUSTICE POPULAIRE

père de famille, et l’affaire prenait très mauvaise tournure. Les assistants étaient sombres et pensifs. Luigi rentra chez lui et dit à Concetta :

— Je pars ! Je ne veux plus rien savoir de toi tant que tu n’auras pas prouvé que les paroles de ce drôle sont des calomnies.

Elle pleura, naturellement, mais les larmes ne prouvent pas grand’chose. Luigi tint parole et elle resta seule, avec un enfant sur les bras, sans pain et sans argent.

Les femmes intervinrent, surtout Caterina, la marchande de légumes, fine commère, qui ressemblait à un vieux sac tout bourré de chair et d’os et plissé çà et là.

— Signors, dit-elle, vous l’avez entendu, votre honneur à tous est enjeu. Ce n’est pas une espièglerie, inspirée par une nuit de lune trop belle ; le sort de deux mères en dépend, n’est-ce pas ? Je prends Concetta chez moi, elle y vivra jusqu’au jour où nous découvrirons la vérité.

Ce qui fut fait ; puis Caterina et Lucia, sorcière sèche et braillarde dont la voix