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CONTES D’ITALIE

cette faculté et ils ont obtenu ce qu’ils voulaient. Quelqu’un a dit avec justesse que l’Église catholique est édifiée sur le sein des femmes. Le culte de la Madone n’est pas seulement d’une beauté païenne, c’est avant tout un culte ingénieux ; la Vierge est plus simple que Jésus ; elle est plus proche du cœur ; il n’y a pas de contradictions en elle : elle ne menace pas de l’enfer ; elle n’est qu’amour, aide, pardon. Il lui est facile de réduire le cœur des femmes en esclavage pour toute leur vie.

Ainsi donc, il vit cette jeune fille qui savait parler et qui pouvait interroger ; mais toujours, dans les questions qu’elle lui posait, il sentait, à côté du naïf étonnement provoqué par les idées du socialiste, une méfiance non dissimulée et souvent de la peur, voire de la répulsion. Le propagandiste était obligé de discourir souvent sur la religion, d’attaquer violemment le pape et les prêtres. Chaque fois qu’il développait ce thème, il lisait de la haine et du mépris dans les yeux de la jeune fille. Et quand elle le questionnait sur quelque