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CONTES D’ITALIE

des oiseaux noirs. Les musiciens prennent leurs instruments ; des gens graves, d’âge mûr, s’agitent et se placent en avant ; tournés vers la foule, ils parlent en agitant les mains à droite et à gauche.

Lourdement, sans hâte, la foule se partage, et ménage un large espace au milieu de la place.

— Qui attend-on ?

— Les enfants de Parme !

Il y a grève à Parme. Les patrons ne cèdent pas ; les ouvriers sont à court d’argent, ils ont rassemblé leurs enfants qui commençaient déjà à souffrir de la faim et ils les ont envoyés à leurs camarades de Gênes.

De derrière les colonnes de la gare sort une procession bien réglée de petits hommes ; leurs vêtements les couvrent à peine et ils ont l’air velus dans leurs haillons, velus comme d’étranges petits fauves. Ils marchent en se donnant la main, par rangées de cinq ; ils sont très petits, poussiéreux, visiblement fatigués. Ils ont l’air grave, mais le regard brillant, net et clair, et quand