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LA MONTAGNE VAINCUE

Près d’un tas de décombres, est assis un ouvrier noir comme une taupe ; il porte une médaille sur sa poitrine, et l’expression de son visage est amène, grave et résolue.

Il pose ses poignets bronzés sur ses genoux, lève la tête, et regardant en face le passant qui s’est arrêté sous le châtaignier, lui dit :

— C’est pour le Simplon, signor, c’est la médaille que m’ont value les travaux du tunnel du Simplon.

Et abaissant les yeux sur sa poitrine, il sourit affectueusement au joli disque de métal.

— Sans doute, tout travail est pénible jusqu’au moment où on se met à l’aimer ; ensuite, il vous excite et devient plus facile. Mais tout de même, c’était un rude travail !

Il secoue doucement la tête, sourit au soleil et, s’animant tout à coup, agite les bras et ses yeux noirs étincellent.

— Parfois même, ce fut effrayant. La terre elle aussi doit sentir quelque chose, n’est-ce pas ? Quand nous eûmes pénétré en