Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
SUR L’EAU

C’est le matin ; la mer ne s’est pas encore tout à fait réveillée ; au ciel, les reflets rosés de l’aurore ne se sont pas éteints, mais ils n’enluminent déjà plus l’île de Gorgona, rocher solitaire et sombre, tout couvert de forêts, qui se dresse sur la route marine ; une tour ronde et grise le couronne, tandis qu’un troupeau de blanches maisonnettes s’élèvent sur le rivage endormi. Quelques petites barques glissent avec rapidité le long du bateau à vapeur ; ce sont les habitants de l’île qui vont pêcher la sardine. Le clapotis cadencé des longues rames et les minces silhouettes des pêcheurs composent une harmonie qui se grave dans la mémoire ; les hommes rament debout et s’inclinent comme s’ils saluaient le soleil.

Derrière la proue du vapeur, s’étend une large bande d’écume verdâtre, au-dessus de laquelle des mouettes planent paresseusement ; parfois, un python venu on ne sait d’où, s’allonge comme un cigare et, sans bruit, vole à ras de l’eau où il plonge soudain, pareil à une flèche.