Page:Gorki - La Mère, 1945.djvu/158

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tête, il faut faire un journal aussi pour la campagne. Donnez-nous des faits et nous vous imprimerons un journal…

La mère regarda son fils en souriant ; puis elle s’habilla et sortit sans mot dire.

— Bien ! nous te procurerons tout ce qu’il faudra. Écrivez avec simplicité, afin que les veaux eux-mêmes comprennent ! s’écria Rybine.


XXVI


La porte d’entrée s’ouvrit. Quelqu’un pénétra dans la maison.

— C’est Jéfim ! dit Rybine en jetant un coup d’œil dans la cuisine. Viens ici !… Cet homme-là s’appelle Pavel… c’est de lui que je t’ai parlé…

Un grand gaillard au visage large, aux cheveux roux et aux yeux gris, vigoureux et bien découplé, vêtu d’une courte pelisse, se tenait devant Pavel, la casquette à la main, et le regardait en dessous.

— Bonjour ! dit-il d’une voix un peu enrouée ; puis ayant serré la main de Pavel, il se mit à lisser ses cheveux raides. Il parcourut la chambre d’un coup d’œil et se dirigea aussitôt, mais avec lenteur, vers le rayon couvert de livres.

— Il les a vus ! s’exclama Rybine.

Jéfim se retourna, lui lança un coup d’œil et se mit à examiner les livres en disant :

— Combien vous en avez ? Et vous êtes probablement trop occupé pour les lire ? À la campagne, on a plus de temps pour cela…

— Et moins d’envie ? demanda Pavel.

— Pourquoi cela ? Au contraire ! répliqua le jeune homme en se caressant le menton. Maintenant, on est obligé de réfléchir, sinon il ne reste plus qu’à se coucher et à mourir. Comme le peuple ne désire pas mourir, il s’est mis à travailler du cerveau… Géologie ! qu’est-ce que c’est ?

Pavel lui expliqua.

— Nous n’avons pas besoin de cela ! répondit Jéfim en remettant le livre à sa place.