Page:Gorki - La Mère, 1945.djvu/245

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La mère obéit. Lorsqu’elle eut frappé à la porte indiquée, elle se dit tristement en prêtant l’oreille : — Il est mourant…

— Qui est là ? demanda quelqu’un à l’intérieur de la chambre.

— De la part d’Iégor ! répondit la mère à mi-voix. Il vous prie de venir chez lui…

— J’y vais ! répondit-on.

Pélaguée attendit un instant et frappa de nouveau. La porte s’ouvrit brusquement et une grande jeune femme qui portait des lunettes apparut. Tout en lissant la manche froissée de son corsage, elle demanda d’un ton sec :

— Que désirez-vous ?

— C’est Iégor qui m’envoie…

— Ah ! Allons-y !… Mais je vous connais ! s’écria la femme. Bonjour. Il fait sombre ici…

La mère la regarda et se souvint de l’avoir vue une ou deux fois chez Nicolas. « On trouve des nôtres partout ! » pensa-t-elle.

La femme s’arrangea de manière à ce que la mère marchât devant elle.

— Il est bien mal ? interrogea-t-elle.

— Oui, il est couché. Il vous prie d’apporter quelque chose à manger.

— Oh ! c’est inutile…

Lorsque les deux femmes pénétrèrent chez Iégor, celui-ci les accueillit par un râle…

— Lioudmila, ce jeune homme-là vient de sortir de prison sans la permission des autorités, l’impertinent ! Avant tout, donnez-lui à manger et cachez-le n’importe où pendant un jour ou deux.

Lioudmila hocha la tête et, tout en examinant avec attention le visage du malade, elle dit sévèrement :

— Iégor, vous auriez dû me faire chercher aussitôt que vos visites sont arrivées ! Et je vois que vous avez à deux reprises oublié de prendre votre médecine. Quelle négligence ! Vous dites, vous-même, que vous respirez plus facilement après… Venez chez moi, camarade !… On va tout de suite venir prendre Iégor pour le mener à l’hôpital.

— Il faut donc que j’y aille ? demanda Iégor.

— Oui. J’irai vous y rejoindre !