Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/128

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VII


Je compris très vite que le Dieu de grand-père n’était pas le même que celui de grand’mère ; impossible de s’y tromper : la différence était flagrante.

Le matin, quand grand’mère se réveillait, elle s’asseyait sur son lit et commençait par peigner, en maugréant, ses étonnants cheveux.

La chose faite, tant bien que mal, elle les nattait en grosses tresses, se débarbouillait à la hâte, en s’ébrouant avec rage ; et, sans avoir effacé de son grand visage fripé par le sommeil l’irritation qui y était peinte, se tournait vers les icônes. C’est alors que commençait la véritable ablution matinale qui la rafraîchissait tout à coup et tout entière.

Grand’mère redressait son dos voûté, rejetait sa tête en arrière, regardait avec affection la figure ronde de Notre Dame de Kazan, puis, se signant à grands gestes, murmurait avec ardeur :