Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/18

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de la grand’rue, et appuyée au talus de droite, se trouvait une maison à un étage, trapue et peinte en rose sale, dont les fenêtres bombées s’ouvraient sous un toit surbaissé. De la rue elle me parut grande ; et pourtant à l’intérieur, dans les petites chambres presque obscures, on était à l’étroit. De même que sur le bateau, c’était plein de gens irrités qui s’agitaient ; des petits enfants s’ébattaient comme une bande de moineaux pillards, et il stagnait partout une odeur inconnue qui vous saisissait à la gorge.

Nous pénétrâmes dans une cour déplaisante, elle aussi, entièrement encombrée de grands morceaux d’étoffe mouillée et de cuves pleines d’une eau colorée et épaisse où trempaient des chiffons. Dans un coin, sous un petit appentis délabré, des bûches flambaient dans un fourneau sur lequel des choses mystérieuses cuisaient et bouillonnaient, tandis qu’un homme invisible prononçait à haute voix des paroles étranges :

— Du santal… de la fuchsine… du vitriol.