Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/294

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— On est très bien avec vous, petits espiègles, mais il est temps de partir !

D’un grand geste qui fit voler ses manches jusque sur ses épaules, il nous bénit et dessina sur nous un large signe de croix :

— Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, je vous bénis ; que votre travail soit couronné de succès. Adieu !

Tous les élèves se mirent à crier :

— Adieu, monseigneur ! Revenez !

Tout en secouant sa calotte, il promit :

— Je reviendrai ! Je reviendrai ! Je vous apporterai des livres !

Et il traversa la pièce ; sa soutane flottait, mais avant de quitter la salle il dit au maître :

— Donnez-leur congé !

Il me prit par la main, m’entraîna dans le corridor et là, se penchant vers moi, il murmura :

— Et toi, mon ami, tâche de te modérer, veux-tu ? Je comprends bien les raisons qui te font agir de la sorte. Allons, adieu, mon ami…

J’étais très ému, un sentiment singulier bouillonnait dans ma poitrine. Le maître donna congé à toute la classe ; mais avant mon départ il me prit à part pour me dire que, dorénavant, je devais me faire plus petit qu’une fourmi ; je l’écoutai de bon cœur, avec une grande attention, et c’était la première fois que j’agissais de la sorte.

Le pope lui aussi endossait sa pelisse ; sa voix sonore s’éleva, caressante :

— Dès maintenant, il faut que tu assistes à mes