Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/337

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en détails, au moins en partie, par les œuvres où Gorki s’est mis en scène lui-même et qui reflètent, sous les couleurs les plus variées, les différents milieux dans lesquels il a vécu.

Mais les années de son enfance restaient impénétrables et comme ensevelies dans une sorte de brume mystérieuse et troublante.

Souvent, cependant, les admirateurs, les amis avaient supplié l’écrivain de leur faire quelques confidences. Ils voulaient savoir par quelle série d’épreuves cette âme était passée ; comment s’était formé cet autodidacte génial, à la fois tendre et violent, doux et révolté.

Gorki s’était toujours montré rebelle à ces curiosités. Trop de souvenirs pénibles l’étreignaient à évoquer ces heures lointaines, à mettre à nu tant de misères morales, à dévoiler tant de brutalités, à raviver tant de blessures encore saignantes.

Patiemment, durant des années, les amis revinrent à la charge et Gorki céda.

En hiver 1913, à Capri, gravement malade, appréhendant même une issue fatale, il se résolut à exhumer du passé les souvenirs dormant sous la cendre des ans et à écrire ces mémoires, qui reconstituent la première partie, tout à fait ignorée, de sa vie.



La connaissance de cette existence d’enfant, de cette petite âme si sensible, en butte aux brutalités d’une tyrannique organisation sociale, éclaire mer-