Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/95

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— Entends-tu, mère ? glapit-il, et que penses-tu de cela ? Notre propre fils veut tuer son père !

Il allait et venait par la cuisine, redressait les épaules ; puis, se dirigeant vers la porte, il poussa brusquement le verrou massif et cria à Jacob :

— Ainsi, c’est toujours la dot de Varioucha que vous voudriez rafler ? Eh bien ! voilà pour vous !

Et il lui fit la nique ; l’oncle recula et, d’un ton vexé, protesta :

— Père, je ne suis pour rien dans l’affaire.

— Toi ! Ah ! je te connais !

Grand’mère gardait un silence obstiné et rangeait en hâte les tasses dans l’armoire.

— Moi qui suis venu pour vous défendre ! continuait Jacob.

— Vraiment ? ricana grand-père. C’est très bien ! et je te remercie, mon garçon… Mère, donne donc quelque chose à ce renard ; un fer à repasser ou un tisonnier ! Et toi, mon petit Jacob, quand ton frère entrera, tu le frapperas… sur la tête !

Grand-père plongea les mains dans ses poches et s’en alla dans un coin.

— Si vous ne me croyez pas… balbutiait mon oncle.

— Te croire ! interrompit grand-père en frappant du pied ! Non, je croirais plutôt n’importe quel animal, un chien, un hérisson, mais toi, jamais ! Comme si je ne savais pas que c’est toi qui as fait boire ton frère et qui l’as poussé ! Et maintenant, frappe ! Frappe qui tu voudras, lui ou moi…

Grand’mère me chuchota :

— Monte vite, regarde par la fenêtre et, quand tu