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Quant il dort[1] si est apuiez a ·i· arbre, et dort en estant. Et li veneeur[2], qui vont cerchant les arbres a coi[3] il s’apuie quant il dort, si le trenchent et sient[4] par desouz, si[5] qu’il ne chiet pas. Et quant li olyfanz[6], qui riens n’en set, se veult dormir, s’a-[F° 58 a]puie[7] a l’arbre qui est encisez[8], si chiet jus et ne se puet sus relever. Lors brait et crie et pleure et gemit[9] ; tant qu’aucunes[10] foiz viennent autres olyfanz[11] seur lui pour lui aidier. Et quant il ne le[12] pueent[13] redrecier, si braient et crient et font grant duel. Et li petit qui[14] vont entour si le soulievent a leur pooir. Et aucunes[15] foiz avient qu’il le lievent. Mais quant il ne le pueent relever, si s’en vont gemissant [16] et fai-[F° 58 b]sant leur duel, et le laissent. Et ceuls[17] qui sont repouz[18] près d’illuec saillent avant et les prennent par leur esforz[19] et par leur engins qu’il[20] ont. Et ainsi prent l’en les olyfanz[a].

Dedenz le flun d’Ynde qui a non Ganges vont les anguiles a granz rangiées[21], qui ont bien ·iii· ·c· piez de lonc ; et les menjue l’en bien, au[22] besoing[b].

Mainte autre beste perilleuse et hideuse[23] a en Ynde : dragons, serpenz [24] et autres diver-[F° 58 c]ses bestes qui ont piez et testes et[25] keues.

Illuec sont li basilique qui ont venimeus[26] regart ; et ocient les genz et les oisiaus et les bestes seulement de leur regart[c]. Il a teste de coc et cors de serpant[27][d]. Nulle autre beste ne se prant[28] a lui. Il est rois de touz autres serpanz, ausi[29] comme est li lyons seur les autres[30] bestes. Il est blanc roié ça et la ; jamais n’avra herbe ne fruit en la terre par[31] ou il passera. Neïs li arbre[32] en perissent tuit qui i sont plantez[33]. Se [F° 58 d] il a mors beste[34] ou autre chose, jamais autre beste n’en osera aprouchier [e].

  1. — B : il se dort.
  2. — B : veneor.
  3. — B : quoy.
  4. — B : et si le sient.
  5. — B : tant.
  6. — B : olyfans.
  7. — B : si s’apuie.
  8. — B : enscisez.
  9. — B : gemist.
  10. — B : aucune.
  11. — A : viennent autres foiz olyfanz ; B : viennent autre olyfant.
  12. — B : « le » manque.
  13. — B : puent.
  14. — A : « qui » manque.
  15. — B : aucune.
  16. — B : gemisant.
  17. — B : cels.
  18. — B : repost.
  19. — B : esfors.
  20. — B : que il.
  21. — B : anguilles a grant rengies.
  22. — B : a.
  23. — B : orrible.
  24. — B : serpanz.
  25. — B : es.
  26. — B : venimeux.
  27. — B : serpent.
  28. — B : prent.
  29. — B : aussi.
  30. — B : comment est li lyons de toutes autres...
  31. — B : terre la par...
  32. — b : arbres...
  33. — B : planté.
  34. — B : bestre.
  1. « Quant il dort... prent l’en les olyfanz. » Neckam I. 143-145 ; II. 9, 48 ; Jacques de Vitry 88.

    Neckam mentionne comme source de A : Cassiodore. Variar. lib. X. 30 (Patrol. t. 69, col. 818).

  2. « Dedenz le flun... besoing. » Solin 52 ; Isidore, Etym. XII. 6. 41 ; Honorius Aug. I. 13.
  3. « Illuec sont... leur regart. » Solin 27 ; Isidore, Etym. XII. 4, 6 et 7 ; Neckam II. 120, 153 ; Jacques de Vitry 89.
  4. « Il a teste... serpant. »
  5. « Nulle autre... aprouchier. » Solin 27 ; Isidore, Etym. 4. 6, 7 ; Neckam II. 120, 153 ; Jacques de Vitry 89.