Page:Gossuin - L’Image du monde, édition Prior, 1913.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 148 —

Li airs si nous maintient la vie par la moisteur qui nest[1] de lui ; et, par l’espoisseté qui en lui est, soustient les[2] [F° 84 d] oisiaus volant[3] qui tant le debatent[4] de leur eles et l’esmuevent tant entour euls qu’il s’enbatent [5] dedenz et fichent, menant leur joie et leur deduit. Ainsi vont li oisel par l’air, volant, chantant, et loant leur creatour, ainsi[6] comme li poisson qui vont noant[7] par l’yaue.

Si vous en poez en tele maniere apercevoir[8] : Prenez une verge et la mouvez en l’air. Se vous la mouvez roidement, ele ploiera tantost. Et se li airs ne-[F° 85 a]stoit espés[9], ja la verge ne ploieroit[10] ; ainz se tendroit toute droite, ja si fort ne serait meüe[11][a].

De cel air prennent leur habit es cors li maligne esperit. C’est anemis qui se met en samblance d’aucune chose, lors quant il se peut[12] aparoir en aucun lieu pour decevoir aucun homme ou pour faire issir de son sens, dont il est aucune foiz puissanz ; ou quant il se met par art de nigromance[13] en aucune samblance, en tele figure comme [F° 85 b] il veult[b]. Car il en set tant comme il en estuet. Mais c’est ·i· art qui donne la mort a celui qui s’i abandonne mauvaisement[14] ; car il ne set mot si est morz et dampnez en cors et en ame. Mais nous enquerrons ci après qu’il avient en l’air de la terre.

  1. « Li airs... ne seroit meüe. » Sydrach Add. 125. V. Introduction p. 45.
  2. « De cel air .. comme il veult. » Saint Augustin De Genesi ad litteram (Patrol. t. 34) liber III, ch. X. 14. « Dæmones aeria sunt animalia, quoniam corporum aeriorum natura vigent. »
  1. — B : naist.
  2. — B : soustient il les.
  3. — B : volanz.
  4. — A : debatant.
  5. — B : s’embatent.
  6. — B : loiant Nostre Seigneur, ausi.
  7. — B : noiant.
  8. — B : pouez apercevoir en tele maniere.
  9. — B : espois.
  10. — B : ploierent.
  11. — B : si forment ne seroit menée.
  12. — B : veult.
  13. — B : par l’art de nigroumance.
  14. — B : qui mauvaisement s’i abandonne.


xv a[a].
Comment nues, pluies[1] et gelées, nois, tempestes, tonnoirres et esparz[2] aviennent.

Or dirons[3] des nues que ce est, et de la pluie autresi[4]. Li solaus si est fondemenz[5] de toute chaleur et de touz tans.[6] [F° 85 c] Tout ausi comme li cuers de l’ome est fondement[7] de la chaleur qui habonde en lui, est li solaus [8] li cuers du monde et fondemanz[9] par la valeur qui est en lui de tote[10] naturel chaleur. Car par lui[11] vit quanque en[12] terre naist, si comme il plait[13] a Nostre Seigneur ; si comme vous orrez ci aps, se cest livre voulez près de vous tenir. Car il fait monter les nues en haut, et puis en fait

  1. — A : « pluies » manque.
  2. — B : espars.
  3. — B : Or vous dirons.
  4. — A : autre.
  5. — B : li souleuls si est fondement.
  6. — B : tant.
  7. — B : l’omme est fondemenz.
  8. — B : souleuls.
  9. — B : fondemenz.
  10. — B : toute.
  11. — B : par li.
  12. — B : quanqu’en.
  13. — B : plaist.
  1. [F° 85 b86 d = Vers 3798-3873.]