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Puis que ces ·ii· estoiles ont tels vertuz qui teles choses[1] font, les autres qui el ciel sont pour-[F° 107 b]traites ne furent pas faites pour noient ; ainz a chascune sa vertu et sa droiture selonc sa nature, par quoi eles font les diversetez[2] es choses qui sont en terre, et les remuances du tans. Li uns vient tost et li autres tart ; et les fruiz qu’en terre fait venir, l’un fait cueillir tost et l’autre tart ; et sont plus tost meür[3] en ·i· an qu’en ·i· autre, et plus asseür de tempestes et d’autres grevances, et font d’autres muances assez. Car uns estez est douz [F° 107 c] et moistes, et li autres est sés et venteus[4]. Des yvers ravient il souvent qu’il se changent souventes[5] foiz ; que li uns est[6] froiz et pluieus et plus annuieus que li autres, et uns autres est mains, sanz perill. L’en voit que li uns est[7] chiers, et li autres est vill d’aucunes choses ; et puis voit l’en que ce dont il vient plus cele année, qu’il en est en une autre année grant chierté. Et ce dont il est grant plenté en ·i· [F° 107 d] tans, en revient mains aps, ou faute du tout. Toutes ces diversetez[8] font les estoiles qui sont el ciel ; niais c’est par la voulenté[9] de Dieu qui chascune a mise en son lieu propre ou ele fait naturelment son cours, et chascune diversement.

Car s’autre chose n’avoit son us es tans, fors que li solaus[10] sanz plus, comme cil qui vait isnelement par le firmament chascun an, et monte autant en ·i· esté comme il fait en l’autre, et au-[F° 108 a]tant descent en touz yvers, et vait chascun jour igaument tant qu’il revient en son droit point, et joint l’autre après celui ou il fu devant ; ce sevent[11] bien, li astronomien qu’il vait chascun an entour le ciel un tour ; et la ou il est huy[12] cest jor[13], resera il d’uy en ·i· an la meïsmes : Par ce set l’en que, se autre estoile n’avoit ses pooirs[14], que autrement iroit. Car tous les anz[15][* 1] s’entreresembleroient [16] ; et seroit chascuns[17] tels [F° 108 b] comme il fu devant. Et les mois s’entreresambleroient autresi, chascun[18][* 2] ainsi comme il vendroient : Janvier, un autre janvier ; et février, un autre fevrier ; et les autres ·x· mois ausi. Car li soulaus[19] va tout ausi en un mois comme il fait en celui mois meïsmes quant il en est près. Et li jours d’uy resambleroit[20] celui d’uy[21] en ·i· an en toz[22] endroiz, de chaut, de froit, de bel, de pluie, et les autres selonc leur [F° 108 c] venue, chascuns si comme li ans dure. Si couvendroit par nature droite que tuit li esté et tuit li y ver qui onques avroient esté, ne

  1. — B : tels chose.
  2. — B : diversetés.
  3. — B : meürs.
  4. — A : venceus.
  5. — B : aucunes.
  6. — B : « est » manque.
  7. — B : « est » manque.
  8. — B : diversetés.
  9. — B : volenté.
  10. — B : souleus.
  11. — B : savoit.
  12. — B : hui.
  13. — B : jour.
  14. — B : pouoirs.
  15. — A : ainz.
  16. — B : s’entreresambleroient.
  17. — B : chascun.
  18. — A : chanscun.
  19. — B : souleus.
  20. — B : jour d’ui ressambleroit.
  21. — B : d’ui.
  22. — B : touz.
  1. * « Ainz » : cette forme est isolée dans le ms. A. De plus, il n’y a pas d’autre exemple dans le ms. de la forme ain = an qui est un trait lorrain.
  2. * « Chãscun » : forme isolée dans le ms. A, et qui n’est pas confirmée par d’autres textes. Il est probable que le signe sur l’a n’est qu’une erreur de copiste et ne représente pas une forme « chanscun ».