Page:Gossuin - L’Image du monde, édition Prior, 1913.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 33 —

Nous trouvons l’origine de cette prophétie au quatrième vers de la quatrième églogue :

Ultima Cumaei venit jam carminis aetas.

D’après la prédiction de la Sibylle de Cumes, la terre, ayant parcouru les quatre âges d’or, d’argent, de bronze et de fer, allait maintenant revenir à l’âge d’or. Saint Augustin cite les vers suivants[1] :

Te duce si qua manent sceleris vestigia nostri
Irrita perpetua solvent formidine terras.

Il ajoute : « Quod ex Cumæo, id est, ex Sibyllino carmine se fassus est transtulisse Virgilius ; quoniam fortassis etiam illa vates aliquid de unico Salvatore in spiritu audierat, quod necesse habuit confiteri[2]. »

Gossouin nous dit qu’en lisant les vers de Virgile, saint Paul s’écria ; « Ha ! quel je t’eüsse rendu a Dieu se tu eüsses vescu tant que je feusse a toi venuz. » Quitte à paraître un peu trop complet, nous ne pouvons négliger de citer ici les vers biens connus d’une hymne qui se chantait encore au XVe siècle à Mantoue pendant la messe de saint Paul :

Quem te, inquit, reddidissem,
Si te vivum invenissem,
Pœtarum maxime[3] !

Virgile semble avoir eu un attrait mystérieux pour le moyen âge. Nous le voyons paraître ici comme prophète. Au troisième livre de l’Image du Monde, Gossouin consacre un chapitre entier à Virgile le Magicien.

Notre auteur parle ensuite avec mépris de ces gens riches qui achètent des livres en quantité pour qu’on les croie savants, et il leur applique la fable d’Esope, le Coq et la Perle.

Puis il donne la liste des sept arts libéraux qui constituaient les sept parties de l’enseignement dans l’école d’Alexandrie : la grammaire, la logique et la rhétorique (le trivium), l’arithmétique, la géométrie, la musique et l’astronomie (le quadrivium).


Ch. VI. — Les philosophes à Athènes divisaient les hommes en trois classes : les laboureurs qui doivent fournir ce dont les autres ont besoin ; les chevaliers qui doivent défendre les autres ; les clercs qui doivent les instruire.

Depuis Charlemagne, les rois de France ont toujours protégé les sciences, dont la fleur se trouve parmi les frères mineurs (les Franciscains) et les jacobins (les Dominicains) qui viennent d’arriver en France.

  1. Eglogue IV, v. 13 et 14.
  2. Saint Augustin, Epistolarum classis IV, Epist. 258 (Migne, Patrologia, t. XXXIII, col. 1073).
  3. V. Bettinelli, Delle lettere e delle arti Mantovane (Mantoue, 1775) ; aussi Comparetti, Virgilio nel medio evo (Livorno, 1872) p. 72 s. Enfin cf. le vieux chant de Noël de l’Église qui commence par ce vers, Maro, Maro, vates gentilium, da Christo testimonium.