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teur a employé ses sources d’une manière très libre et a beaucoup étendu la matière.


Ch. VIII. — Gossouin a fait plusieurs emprunts à l’Almageste de Ptolémée. Il s’agit naturellement de Claude Ptolémée, né, à ce qu’on croit, à Ptolemaïs dans la Thébaïde, qui enseignait à l’école d’Alexandrie au milieu du IIe siècle après Jésus-Christ. Son ouvrage a été traduit par Boèce. Mais le titre arabe dont se sert notre auteur, l’Almageste, tend plutôt à faire supposer que la traduction employée pour l’Image du Monde est celle faite par ordre de Frédéric II vers 1230[1].

Le roi Ptolémée de notre encyclopédie appartient à la dynastie des Lagides, dont aucun n’a laissé de traces comme astronome. L’erreur de Gossouin est probablement due à Isidore qui, selon Halma, donne le titre de roi à Claude Ptolémée.

Ce chapitre est occupé en grande partie par un sermon, qui est loin d’être sans mérite, sur l’emploi du temps, sur la ponctualité et la punition de ceux qui poursuivent la fortune et oublient le service de Dieu.


Ch. IX. — L’historien Flavius Josèphe[2] et Gervaise de Tilbury[3] mentionnent tous deux la légende suivante : Les philosophes, sachant que le monde devait périr deux fois, par l’eau et par le feu, élevèrent deux colonnes pour y inscrire les sept arts. L’une était de pierre pour résister à l’eau, l’autre de briques pour résister au feu.

D’après l’historien juif, les deux colonnes existaient encore de son temps en Syrie, et avaient été érigées par Seth.


Ch. X. Fo 116 B. — Josèphe attribue aussi à ce dernier la découverte de l’astronomie après le déluge, tandis que l’Image du Monde cite Abraham et Sem, fils de Noé, au lieu de Seth. La ressemblance des noms aura trompé Gossouin.

Fo 117 A. — Ce dernier affirme plus loin que Platon et Aristote croyaient à la Trinité. Quoiqu’il en dise, cette croyance n’a jamais été attribuée à Aristote au moyen âge. Clément d’Alexandrie[4] est le premier qui fasse mention de Platon à cet égard. Il donne comme preuve certaines lettres et plusieurs passages du Timée.


  1. V. Halma, Almageste (Paris, 1813) p. 61.
  2. Flavius Josèphe, Ἰουδαϊκὴ ἀρχαιολογία (Oxford, 1700) I, 2.
  3. Gervaise de Tilbury, o. c. (vol. I p. 899) I, 20.
  4. Clément d’Alexandrie, Stromata (Migne, Patrologia, Series Græca, t. 8, col. 155, 158) V, ch. 14.