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plantes, et par se-[F° 36 d]mences qui selonc leur samblances[1] naissent, et selonc[2] leur façon. Itant en dit[3] Platon, qui fu granz clers[4]. Et puis en redit Aristotes, qui sont[* 1] clerc fu[5], que ce estoit principiex qui donnoit vertu es[6] choses de mouvoir et d’ester, a cui Diex donna tel pooir et tel force ; si comme l’en voit quant aucune chose se remue qui se peut[7] ester et mouvoir[a]. Aristotes, qui ce en dist, enquist maint livre de natures[8]. [F° 37 a] Et puis en redistrent pluseur[9][* 2] autre philosophe que ce est[10] vertuz de chaleur qui fait chascune chose estre ; si n’en dirai autre chose orendroit. Cist ensuivirent[11] mieuz[12] Platon que Aristotes. Ainsi en distrent leur samblant. Si en distrent assez selonc ce que chascuns en[13] pooit dire.

Mais nus qui soit ne puet contredire ne savoir que ce est, fors Diex qui tout set et tout voit, et qui premierement le volt[14] establir pour acomplir toutes cho-[F° 37 b]ses. Si peut[15] l’en bien par ce savoir que Diex est de moult[16] grant puissance[17] et moult est grant chose de lui, quant il fist tel chose sanz painne qui est de si pesant affaire[18]. Et pour ce volt[19] il lui meïsmes faire l’oume[20], pour ce que il fust si poissanz[21] et qu’il eüst tels sens en lui qu’il seüst par nature ce qui grever li[22] porroit a l’ame et nuire envers Dieu. Car s’il se veult a droit conduire, il peut[23] bien a ce mener so[n] cuer, que nature ne le peut[24] [F° 37 c] grever en nule[25] maniere.

Et pour ce furent trovées[26] les ·vii· arz pour oster les mauvaises pensées qui pueent conduire l’omme[27] a mort, que l’en les peut[28] destruire par les arz. Et ainsi peut[29] l’en muer son mauvais estat par ensaingnement de bon maistre. Et pour ce, fait bon estre entre les bons ; car l’en i aprent bien a faire. Si est sages qui fait son preu en tel maniere qu’i[30] en ait mieulz[31] aps la mort et que Diex le preingue[32] en gré ; si [F° 37 d] avra fet[33] plus son preu que de l’autrui ; ce sache certainnement[34]. Car il en avra tout le bien.

  1. — B : semblances.
  2. — B : selon.
  3. — B : dist.
  4. — B : qui granz clers fu.
  5. — B : qui fu son clerc.
  6. — B : as.
  7. — B : puet.
  8. — B : nature.
  9. — A : pluseure.
  10. — B : pluseurs autres philosophes que c’est.
  11. — B : ensiverent.
  12. — B : mieulz.
  13. — A : ne
  14. — B : voult.
  15. — B : puet.
  16. — B : « moult » manque.
  17. — B : poissance.
  18. — B : a faire.
  19. — B : voult.
  20. — B : l’omme.
  21. — B : puissanz.
  22. — B : le.
  23. — B : puet.
  24. — B : puet.
  25. — B : nulle.
  26. — B : trouvées.
  27. — B : pueent l’oume conduire.
  28. — B : puet.
  29. — B : puet.
  30. — B : qu’il en...
  31. — B : miex.
  32. — B : praigne.
  33. — B : fait.
  34. — B : certainement.
  1. * Sont : Cette forme se retrouve fos 74 a, 82 b. Elle est confirmée par des exemples et des parallèles : Stimming, o. c. p. 223 sunt [suum] (Ipomedon v. 3233) ; seint [sanum] ; dunt [donum], etc.
  2. * « pluseure » n’est pas confirmé par d’autres textes, et la forme est isolée dans A. Toutefois l’addition d’un e muet, surtout après r, est commune en angln. Cf. Suchier, Vie de St. Auban p. 39 (prisone, avale, forestes », etc.) ; Stimming o. c. p. 183 (mure, foreste, avante, bele, etc.).
  1. « Et puis en redit... mouvoir. » Aristote. Physique 2. 1. 192 b. 14 ; 2. 1. 193 a. 28. Métaphysique 11. 3. 1070 a. 6 (vide Introd. p. 34 s.).