Page:Gouges - Description de la fete du 3 juin, 1792.djvu/5

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la bonne cause, isolée de la société depuis longtemps, vient seule, avec confiance, faire part d’un projet à la municipalité sur la fête en mémoire du maire d’Étampes. Elle ne sait pas calculer avec les préjugés qui sont attachés à toutes les démarches de son pauvre sexe ; elle s’est fait homme pour la patrie, et elle en soutiendra le caractère, et mettra seule, sous les yeux de la municipalité, la pétition que les femmes doivent présenter à l’assemblée nationale, persuadées qu’elle l’appuyera de tout son crédit ; sa haine pour les assassins, son amour pour les vertus héroïques, et son dévouement pour les lois, tout lui assure que les magistrats du peuple ne rejetteront point son vœu.

Cette fête solennelle n’est point une fête privée, où la confusion et le désordre puissent y régner ; c’est la réunion de tous les corps administratifs, de la garde nationale, et de tous les bons citoyens que la loi rallie autour d’elle. Il faut donc, messieurs, indiquer aux femmes un cortège particulier, imposant, et une marche directe. Puisse mon vœu pénétrer le cœur et l’esprit de mes concitoyennes, et montrer aux rebelles coalisés avec l’étranger, pour tourner les armes contre leur patrie, que les citoyennes réunies défendront les lois et la constitution ? d’eussent-elles périr comme le maire d’Étampes, victime des factieux.