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Page:Gouges - L Homme genereux.pdf/121

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le perfide la Fontaine a eu l’audace de m’emmener, pour mon bonheur. À peine remiſe dans les bras de mon pere, où je n’attendois que la mort, cet homme vertueux ſe préſente chez nous au moment qu’on entraînoit mon malheureux pere. Il paye les Huiſſiers, il nous laiſſe ce porte-feuille avec une ſomme conſidérable. Eh, peut-on ſe méprendre à ce trait généreux, & douter encore que ce ne ſoit M. le Comte ? Mais il nous a défendu de chercher à le connoître.

Madame de Valmont.

C’eſt lui. Je n’en suis nullement étonnée. Je le reconnois à ce trait de génériſité & de modeſtie ; mais il eſt néceſſaire de l’inſtruire du bon emploi qu’il a fait de ſes dons. Suivez-moi tous. Je veux m’amuſer un peu à ſes dépens. Il niera le fait, & j’aurai plus de plaiſir à jouir de ſa ſurpriſe, en vous préſentant à lui.

[regardant la Fleur].

Eſt-ce là ce brave homme dont vous m’avez parlé ?

Le jeune Montalais.

Oui, Madame, c’eſt lui-même.

Marianne.

Ah, Madame, mon frere vous a-t-il raconté ?…

La Fleur, fait des contorſions & des ſignes tout-à-fait comiques avec ſon chapeau.
Madame de Valmont.

Oui, je ſais tout.

La Fleur.

Tant pis, morbleu : & je ne lui ſais pas bon gré