Page:Gouges - L Homme genereux.pdf/65

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La Fontaine.

C’eſt le Marquis de Flaucourt, mon ami, mon éleve ; il ne penſe que par moi, & c’eſt un parfait honnête homme. Vous le connoiſſez, vous l’avez déjà vû.

Le vieux Montalais.

Quoi, Monſieur, ſeroit-ce le jeune homme que vous nous avez amené quelquefois ? Sa figure reſpire la candeur.

La Fontaine.

C’eſt lui-même. Je vous cachai ſon rang, crainte de vous allarmer. C’eſt un ſage, un Philoſophe, quoique jeune, qui ne veut pas épouſer une femme pour ſes ancêtres, & qui veut prendre une compagne digne de lui.

Le vieux Montalais.

Mais le préjugé…

La Fontaine.

Le préjugé eſt un ſot, & n’eſt point fait pour les perſonnes éclairées.

Le vieux Montalais.

Comment, Monſieur la Fontaine, c’eſt vous qui raiſonnez ainſi, & qui donnez à ce jeune homme de tels avis ?

La Fontaine.

C’eſt parce que je ſuis en état de n’en donner que de bons, que je prétends en faire un homme & non un être ſans caractère. Il n’écoute en rien les conſeils de ſes parens, & ne ſuit en tout que les miens.